Un exemple de mise en oeuvre de l'homologie entre la société-classe et la société extérieure dans une autre discipline scolaire (la géographie)

Je vous signale, sur le site du Café pédagogique, dans leur lettre d'information "L'expresso" de ce jour (7 mars 2013), un excellent article de Bénédicte Tratnjek intitulé "Géographie de la salle de classe".


Ce texte m'a intéressé pour deux raisons principales :


- Il présente les différentes dispositions de la salle de classe, que l'on connaît bien en didactique des langues-cultures en tant moyens de mise en oeuvre de telle ou telle pédagogie - en fonction du type de relation entre acteurs qu'elle favorise -, mais dans une perspective sociologique, en tant que reflet et enjeu de relations sociales. Parmi l'une des (très) nombreuses références bibliographiques citées, on trouve ainsi un chapitre intitulé "Géopolitique de la salle de classe" (in : Emmanuel LÉZY et Alain NONJON, 1999, Cartes en main, la cartographie aux concours, Paris : Ellipses).


- Il part du postulat - sur lequel se fonde toutes les pédagogies actives et en particulier la pédagogie de projet - que les éléments d'homologie entre la société-classe et la société extérieure permettent d'utiliser immédiatement la première comme un temps et un espace de formation à la réflexion et à l'action sociales.

 

Extraits :


Dans l’espace scolaire, la géographie n’est pas seulement une discipline, elle est aussi (et avant tout) une expérimentation de l’espace. (...)


La salle de classe et, plus généralement, les espaces scolaires dans les représentations spatiales des élèves est à la fois un objet géographique permettant d’appréhender les injustices spatiales dans l’espace perçu et l’espace vécu ; un enjeu dans les politiques urbaines et scolaires ; et un « outil » pour amener les élèves à comprendre le sens d’une géographie innovante qui touche leurs quotidiennetés et leur donne des grilles de lecture pertinentes pour appréhender le Monde. (...)

 

A l'échelle de la salle de classe elle-même, les élèves expérimentent l’espace public, entre espace partagé (par l’enseignant et les élèves) et espace de contraintes (par les règles fixées par l’enseignant pour faire de la salle de classe un espace à la fois du vivre-ensemble et d’expérimentation des normes sociétales).

C'est cette même idée de l'homologie fondamentale entre la société-classe et la société extérieure qui permet à la perspective actionnelle, dans notre discipline,

 

- d'ajouter à la simulation communicative, en la plaçant avant elle dans l'ordre des priorités, ce que j'ai appelé la "convention",  (cf. mon article "Variations sur le thème social en didactique des langues-cultures étrangères", 2009b, chapitre 4, "4. L’agir d’usage en classe de langue : de la simulation à la convention", pp. 8-) ;

 

- et d'ajouter à la problématique à l'enseignement-apprentissage de la culture étrangère celle de la culture d'action en classe.

 

Sur mon site, on trouvera cette problématique de la culture d'action, considérée à la fois dans la société-classe et dans la société extérieure, étudiée en relation à trois situations didactiques différentes :


- dans le cadre d'un enseignement aux adultes dans des Instituts français à l'étranger (en l'occurrence, le Japon) : "La nouvelle problématique culturelle de la perspective actionnelle européenne : cultures d'enseignement, cultures d'apprentissage, cultures didactiques", 2010e ;


- dans le cadre d'un enseignement d'une langue-culture en France à des étudiants spécialistes d'autres disciplines, dans une perspective de professionalisation : "La problématique culturelle dans l'enseignement-apprentissage des langues en LANSAD", 2010j ;


- et dans le cas d'un enseignement du français à des adultes migrants désirant s'installer durablement en France : "Apprentissage de la citoyenneté et composantes de la compétence culturelle dans un enseignement de type FLI (français langue d’intégration)", 2012i.