A propos de l'appellation "didactique des langues-cultures"

Dans mon essai "Modélisation, types généraux et types didactiques de modèles en didactique complexe des langues-cultures" (2022f), je défends la légitimité de l'expression "langues-cultures" dans l'appellation disciplinaire "didactique des langues-cultures" par le fait qu'il s'agit d'un modèle à deux éléments résultant d'une modélisation du champ disciplinaire. Et j'analyse ainsi la réticence voire l'opposition frontale de certains didacticiens à la reprendre :

 

Le fait qu’il y ait des usages de la langue où l’on s’efforce de neutraliser tout aspect de culture sociale, comme dans la communication scientifique, n’invalide pas plus le modèle « langue-culture » que le fait que parfois, en classe de L2, l’enseignant passe à la L1 pour expliquer un point de culture uniquement dans cette langue, neutralisant ainsi la L2. Le modèle « langue-culture » est renforcé au contraire par le fait qu’il permet d’appréhender la relation didactique langue-culture dans toute sa complexité, qui intègre les cas de neutralisation de l’un ou l’autre de ses éléments.

 

Juger que l’existence de la communication scientifique ou de l’anglais langue de communication internationale invalide l’expression proposée en son temps par Robert Galisson, « didactique des langues-cultures », est donc aussi erroné que juger que le zéro ne fait pas partie de la série des nombres entiers naturels, alors qu’il est conçu depuis le Ve siècle comme un « nombre nul ». La modélisation a été inventée et développée par des scientifiques : la culture scientifique très limitée qu’ont beaucoup de spécialistes en DLC explique sans doute en partie leur rejet naïf du modèle « langue-culture » comme représentation de l’objet central de leur discipline (chap. 3.1.3, p. 12).

 

L’expression de « didactique des langues et des cultures » (par rejet implicite, chez beaucoup de ses utilisateurs, de celle de « didactique des langues-cultures) me semble aussi curieuse, et aussi inadéquate parce réduisant la complexité au cœur même de la discipline, que celle de « problématique d’enseignement et d’apprentissage ».

 

Je pense que malheureusement, comme sur l'autres idées que j'ai avancées en opposition avec la doxa didactique (en particulier l'insuffisance de la notion d'"interculturel" et de celle de "représentations" ; la nécessité de passer de la notion d'éclectisme à celle de didactique complexe ; la rupture entre l'approche communicative et la perspective actionnelle dès que l'on prend sérieusement en compte les implications de cette dernière), aucun de ces didacticiens n'entrera dans un débat public arguments contre arguments.

 

Christian Puren