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Les langues vivantes comme outil de formation des cadres
pp. 7-14 in : Actes du XXVIe Congrès de l’UPLEGESS (Union des Professeurs de Langues des Grandes Écoles), "L’enseignement des langues dans les grandes écoles : programmes, contenus et idées directrices". Saint-Étienne : École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne, 1998, 148 p.
PUREN_1998g_UPLEGESS_cadres_formation.pd
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Mini-postface... 20 ans plus tard

 

Depuis cette conférence et la publication de son texte, j'ai été très souvent amené à citer le passage où je montre que les stratégies nécessaires à l'apprentissage collectif efficace des langues sont celles qui sont indispensables, mais font souvent défaut, pour affronter tout type d'environnement complexe, et à l'idée que la classe de langue peut fonctionner pleinement, si on y travaille consciemment et systématiquement ces stratégies, comme un incubateur de compétences professionnelles.

 

20 ans plus tard, je lis sur la site theconversation.fr ce passage d'un billet d'António Abrantes, Professeur à l'ICN Business School de Nancy, intitulé "Si le plan échoue, comment pouvons-nous improviser ?". Après avoir rappelé que les planifications ne marchent que rarement dans l'environnement commercial actuel, et que l'improvisation y est indispensable, il poursuit: "La bonne nouvelle, c’est que l’on peut apprendre à improviser et préparer les équipes à l’improvisation, ce qui augmente la probabilité de réussite." Le premier des "trois éléments [qui] peuvent améliorer la capacité d’adaptation improvisée d’une équipe" qu'il cite est une "une culture de l’expérimentation", qu'il implique ce qu'il appelle une "esthétique de l'imperfection" :

 

 

Tout d’abord, l’organisation doit se doter d’une culture de l’expérimentation qui promeut l’action, qui récompense l’exploration et la créativité et qui tolère les erreurs. Les membres de l’équipe sont alors convaincus que toute erreur éventuelle sera considérée comme un apprentissage et que leurs idées seront soutenues et encouragées. Pour ce faire, les organisations doivent accepter « l’esthétique de l’imperfection » en voyant les erreurs comme des opportunités, et sans considérer les imperfections comme synonyme d’échec.

 

Cette "culture de l'expérimentation" est en principe constamment travaillée en classe de langue depuis la fin des années 70, depuis que s'est imposée en didactique des langues-cultures la théorie de l'interlangue, dans laquelle l'apprentissage se fait par essais-erreurs, et l'appropriation d'une langue "correcte" non pas par reproduction immédiate de modèles parfaits, mais par approximations successives. Et cette "culture de l'expérimentation qui promeut l'action" ne peut qu'y être renforcée par la mise en oeuvre de la perspective actionnelle. Cette culture est tout autant nécessaire au citoyen dans sa société qu'aux équipes en entreprise : il y a assurément des recoupements existants et des synergies à créer entre les compétences d'apprentissage langagier, les compétences professionnelles et les compétences citoyennes, qui relèvent pour une bonne part de "compétences transversales".

 

 

António Abrantes, "Si le plan échoue, comment pouvons-nous improviser ?", http://theconversation.com/si-le-plan-echoue-comment-pouvons-nous-improviser-126056,

3 novembre 2019.