Approche communicative-interculturelle et paradigme de l’immédiation
(Niveaux Seuils à partir de 1975, CECR 2001, Volume complémentaire 2018)
Présentation
La thèse de cet article est que le Volume complémentaire du CECR publié en février 2018 ne pouvait pas proposer des modes satisfaisants d'évaluation de la compétence de médiation parce ses
auteurs n'ont pas vraiment pris conscience, ou du moins pas remis en cause, le paradigme de l'immédiation dominant dans la réflexion méthodologique sur l'enseignement des langues depuis la
méthodologie, significativement appelée "directe", des premières années du XXe siècle. Une analyse critique de ses descripteurs est menée en particulier à l'aide des "gènes" dont l'approche
communicative-interculturelle a hérité de sa situation globale de référence, le voyage touristique, à savoir l'inchoatif, le ponctuel, le perfectif et l'individuel, tous incompatibles avec le
paradigme de la médiation. Ce blocage, chez les auteurs du Volume complémentaire, s'explique en dernière analyse par leur objectif essentiel, qui est de proposer des modes d'évaluation
compatibles avec les épreuves proposées par les organismes internationaux de certification, qui contrôlent les orientations linguistiques du Conseil de l'Europe depuis bientôt un demi-siècle :
ces épreuves, en effet, doivent « fournir aux évaluateurs un "instantané", une photographie im--médiate des compétences langagières des candidats; dans les deux sens du qualificatif, à
savoir, au moyen d’une extrapolation réalisée à partir de performances réalisées (1) sur le champ, sans délai, de manière (2) non médiée, sans autre intermédiaire, entre les candidats et la
langue à produire, que les supports et consignes du seul dispositif d’évaluation ».