Agir commun, praxis et co-culture d'enseignement-apprentissage


Sur le site laviedes idees.fr, Pierre Sauvêtre, en date du 21 novembre 2014, a publié une recension de l'ouvrage de Pierre Dardot et Christian Laval, Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle, Paris : La découverte, 2014, 593 p. L'intérêt de ce livre, selon lui, est qu'il "introduit en France la question du « commun » qui était jusqu’ici absente du débat hexagonal, alors qu’elle irrigue depuis les premiers travaux d’Elinor Ostrom il y a vingt ans le champ des sciences humaines anglo-saxonnes."

 

Cette notion est reprise depuis quelques années en France par quelques philosophes et sociologues (par ex. François Jullien, cf. mon billet de blog en date du 20 décembre 2016 , et Francis Dubet, cf. mon Post-scriptum en date du 22 septembre 2014 sur la page de téléchargement de mon article de 2011j consacré aux composantes de la compétence culturelle en classe de L2.

 

Cette notion de "commun" intéresse fortement la DLC pour la réflexion sur la notion de "co-culture" d'enseignement-apprentissage en classe de langue étrangère, puisqu'il s'agit dans ces classes, au-delà des cultures sociales, profils cognitifs, habitudes et autres stratégies d'enseignement et d'apprentissage des uns et des autres, de se créer une culture commune pour mener à bien le projet commun d'enseignement-apprentissage.

 

L'ouvrage de Pierre Dardot et Christian Laval apparaît particulièrement intéressant pour la DLC parce que les auteurs y relient étroitement la création du commun à la praxis: les auteurs, selon le recenseur,

 

s'efforcent alors d’enrichir leur vision du commun en conceptualisant le passage de l’agir commun au droit du commun. En s’inspirant de Castoriadis, ils définissent l’émancipation comme une « praxis instituante ou activité consciente d’institution » (p. 440) qui consiste dans l’ « autoproduction d’un sujet collectif dans et par la coproduction continuée de règles de droit » (p. 445). Le commun est le fait pour les participants à une même activité de délibérer et de co-instituer les règles de droit qui la gouverne en se produisant par là-même comme un nouveau sujet collectif.

 

 Or, entre les modèles scientifiques et les modèles pratiques, c'est à l'occasion des processus d'élaboration conjointe, entre les apprenants et les enseignants des modèles praxéologiques, que peuvent peut s'élaborer progressivement cette culture commune. On pourra se reporter, concernant la modélisation praxéologique en didactique des langues-cultures, aux textes suivants :

 

- 2023b. Le traitement des « modèles » en didactique internationale de l’anglais : une conception épistémologique réductrice de la discipline. L’exemple du « modèle » PPP (Présentation, Pratique, Production). Essai, chap. 1.4.3 "Modélisation praxéologique" (j'y distingue entre la praxéologisation mentale et la praxéologisation pratique). (Version anglaise disponible 2013b-en)

 

- 2020a. "Le système des modèles en didactique des langues-cultures : modèles pratiques, praxéologiques, théoriques, didactologiques".

 

- 2015a. Théorie générale de la recherche en didactique des langues-cultures. Essai. Chap. 4 "Du sous-système théorique au sous-système praxéologiques" (version espagnole disponible 2015a-es).

 

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Cf. également mon billet de blog en date du 32 août 2022, intitulé "Trois formes de perception prioritaire de l'interculturalité : les différences, les ressemblances et les communs"